REVALORISATION DES PENSIONS : LE COMPTE Y EST-IL ?

QUELQUES CHIFFRES SONT ÉGALEMENT PARLANTS SUR LA PÉRIODE 2008 / 2019 :
+12,93 % pour les prix, hors tabac , selon l’INSEE.
+ 20,3 % pour le SMIC
+ 8,6 % pour les pensions, chiffre auquel il faut soustraire les effets de l’augmentation du taux de CSG ce qui limite la progression nette à 6,9 % (8,6 -1,7).


En vigueur depuis 1993, la règle qui prévoit l’indexation des pensions de retraite sur l’inflation est, depuis une dizaine d’années, régulièrement mise à mal en raison d’une sous-indexation pratiquée, chaque année, par les pouvoirs publics. Ainsi, en 2019, le gouvernement avait décidé de ne les revaloriser que de 0,3 %, alors même que l’inflation s’élevait à 1,8 %. Cela avait permis une économie de 2 à 3 milliards d’euros. Ce comportement de l’État conduisait les organisations syndicales à revendiquer une indexation par rapport à l’évolution des salaires des actifs. Face à la réapparition et la progression de l’inflation, l’UNSa est revenue très récemment sur ce positionnement .

D’autre part, ainsi que le rappelle l’hebdomadaire La Croix : « Le Conseil constitutionnel avait toutefois censuré la possibilité de prolonger cette sous-indexation en 2020, forçant le gouvernement à revenir devant le Parlement. Finalement, Emmanuel Macron avait proposé une sous-indexation seulement pour les pensions supérieures à 2000 € jusqu’en 2021. »

Le président candidat Emmanuel Macron avait promis, un mercredi d’avril sur TF1, que, s’il était réélu, les retraites seraient indexées sur l’inflation « dès cet été, compte tenu des prix, qui ont bondi de 4,5 % en un an ».

Plusieurs candidats proposaient, lors de la dernière campagne électorale présidentielle, de revenir à une stricte ré-indexation sur l’inflation, tandis que Jean-Luc Mélenchon proposait de revenir à une indexation sur les salaires, telle qu’elle s’était pratiquée en France de 1948 à 1987. Ce dernier positionnement qui était celui de la plus part des organisations syndicales n’a pas été repris par l’ UNSa Retraités, qui s’est engagée, lors de son dernier conseil national, à revenir vers une revendication d’indexation intégralement calculée sur la stricte inflation évaluée dans sa globalité.

Peu de temps avant le premier tour de l’élection présidentielle, le Président candidat Macron promettait une mise à niveau des retraites face à l’inflation : « Compte tenu des prix, disait-il, je pense qu’il faut indexer les pensions de nos aînés dès cet été.» Sans autre précision, la notion « d’indexation » restait alors floue. Mais la formule laissait penser que les versements seraient bonifiés selon l’évolution des prix, telle que calculée au fil des mois par l’INSEE, de manière à préserver le pouvoir d’achat.

Pour reprendre une image du magazine Marianne, « Le brouillard mit deux mois à se dissiper », le temps d’un débat parlementaire houleux sur le thème général de la défense du pouvoir d’achat.

Le gouvernement présente une revalorisation des retraites de 4 %, qui correspond au taux d’inflation, sauf qu’il s’agit du taux constaté au mois de mars et que l’inflation depuis s’est prise d’un galop. Qu’importe, nous dit le ministre de l’ Économie : il y aura une nouvelle revalorisation de 1% au mois de janvier se rajoutant aux précédents 4 %, cela fera 5 % pour une inflation évaluée à 5,2 %. Sauf que, là non plus, le compte n’ y est pas. Car le 1 % promis pour janvier l’est en application de la loi de 1993, stipulant que l’indexation des pensions s’effectue à chaque premier janvier (pour la petite histoire, la loi de 1993 prévoyait initialement une application de l’indexation au mois d’octobre afin que les travailleurs bénéficient des avancées salariales dès le 1er janvier ; en reportant, tous les ans, la date du 1er octobre au 1er janvier, le gouvernement au passage s’octroie des facilités de caisse pour boucler son budget !).

La revalorisation des pensions devait se concrétiser sur les bulletins de paye et les fiches de pension pour le 9 août. Or rien n’est arrivé et cela se comprend, parce que, à cette date, bien que la loi sur la défense du pouvoir d’achat ait été effectivement votée, les processus administratifs pour son application, dont la vérification par le conseil constitutionnel, n ‘étaient pas encore engagés.

Selon toute vraisemblance, l’on pouvait s’attendre à une application concrète de la mesure à l’automne, avec une revalorisation des pensions à hauteur de 4 %, quand l’inflation atteinte dès septembre devrait se situer entre les taux de 6,5 % et 7 %. Taux revendiqué par l‘UNSa dès le mois de mars !

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