L’UNSa en phase avec les retraités

Par Patrick Lebrun, Section des retraités UNSa SJ

N’ÉCOUTEZ PAS LE CHANT DES SIRÈNES, POUR MÉLODIEUX QU’IL PUISSE PARAÎTRE. RÉFLEXION SUR L’ADÉQUATION ENTRE LES STRUCTURES INSTITUTIONNELLES ET LES RESSENTIS INDIVIDUELS DES FRANÇAIS.

Depuis des décennies, nous avons accepté la coexistence entre les pouvoirs politiques légitimes car démocratiquement élus et des instances qualifiées aujourd’hui par le pouvoir en place d’« intermédiaires », mais tout aussi légitimes car également issues d’élections démocratiques. Les organisations professionnelles et syndicales figurent au premier rang de ces instances. Ces deux représentations avaient l’habitude, non pas de gérer de concert les affaires publiques, mais à tout le moins, de fonctionner ensemble.

Or, depuis peu, les pouvoirs publics ont sciemment – par-fois aussi avec mépris – ignoré ces structures intermédiaires, substituant les procédures de dialogue social classiques à des annonces qu’ils considéraient comme négociées, au motif qu’elles avaient été concertées avec des acteurs de proximité, qui bien souvent avaient été choisies par les pouvoirs publics eux-mêmes. Les travailleurs ont réagi ; mais les syndicats ignorés par le pouvoir politique se sont trouvés court-circuités par des groupes de pression émergeant dans la sphère sociale. Ainsi naquit le phénomène « Gilets Jaunes », idéologiquement pur à la naissance, mais rapidement infiltré, puis récupéré par des forces politiques assurément extrémistes, sinon occultes.

Initialement, les retraités ont été conquis par le style nouveau de revendication populaire ; leurs propres revendications figuraient à l’évidence en tête de celles portées à chaque rond-point routier, par les Gilets Jaunes. Mais la couleur du gilet s’est parfois violemment teinté de rouge ou de noir, voire de brun. Puis la revendication initiale et vitale du retraité s’est trouvée dépassée par une revendication devenue confuse, mais plus politique et parfois même constitutionnelle. Face à des « Gilets Jaunes » inorganisés, non représentatifs parce que n’acceptant pas le principe même de la représentation, le retraité n’a, aujourd’hui, plus d’autre choix que de se retourner vers lui-même et surtout vers ceux qui effectivement le sou-tiennent, à savoir les organisations professionnelles.

À ce stade, tous les syndicats ne se situent pas au même niveau, c’est pourquoi l’UNSa, forte de son étiquette de syndicat réformiste et forte également de son affiliation à la confédération européenne des syndicats, accorde aux retraités la place qui leur est due. Elle l’a prouvé dans l’intervention du secrétaire général de l’UNSa fonctionnaires au congrès de l’UNSa Justice au mois de février. Elle l’a prouvé également dans la force du projet de résolution prise par l’Unsa retraités au congrès de Bagnolet en décembre 2018 ; elle l’a enfin affirmé au congrès national de l’Unsa interpro qui regroupait quelques 1500 congressistes à Rennes au mois d’avril 2019.

Au congrès de l’UNSa justice, Luc Farre, secrétaire général de l’UNSa fonctionnaires, questionné sur la baisse du pou-voir d’achat des retraités ainsi que sur les problèmes liés au financement de la dépendance, a rappelé avec pertinence, la nécessité absolue de maintenir haut et fort la revendication primaire d’indexation des retraites sur l’inflation, quelques mois après l’annonce gouvernementale d’un gel des pensions. C’est avec une grande clairvoyance qu’il analysait ce gel soit-disant conjoncturel, en un abandon pur et simple du principe d’indexation.

L’UNSa retraités, a bien évidemment repris cette revendication dans la résolution générale adoptée au congrès de Bagnolet. Quant au volet financier (montant des pensions et leur nécessaire indexation), il figure dans la version finale du congrès de Rennes. Notre section est reconnaissante aux congressistes d’avoir adopté un texte insistant sur l’adaptation de la société au vieillissement. Le financement de la dépendance fera prochainement l’objet d’un article dans notre journal.

Les thématiques abordées, les résolutions adoptées lors de ces congrès prouvent à l’évidence que l’UNSa s’affirme effectivement en phase avec les retraités et leurs revendications. Laurent Escure, le nouveau secrétaire général de l’UNSa, élu lors du Congrès de Rennes, n’a t-il pas assuré que :
« l’UNSa n’abandonnera personne sur la route des transitions. »

Ce n’est pas auprès de mouvements aussi disparates qu’éphémères que les retraités trouveront des avancées concrètes mais bien au sein d’organisations syndicales constituées et principalement les réformistes telles que l’Unsa. Plus qu’un vecteur, plus qu’un soutien, l’UNSa s’affiche aux côtés des seniors comme leur véritable rempart dans le monde syndical. Il appartient maintenant aux retraités, et aux futurs seniors, de ne pas écouter le chant des sirènes, pour mélodieux qu’il puisse paraître. 


Motion adoptée à l’unanimité par le congrès de Bagnolet

(18 – 19 décembre 2018)

La revalorisation des pensions de retraites doit être calculée en fonction de l’évolution du salaire des actifs et en aucun cas être inférieure à l’évolution du coût de la vie. Les délégués, venus de tous les départements et régions de France (métropole et Outre-mer), ont pris acte des annonces du président de la République concernant la CSG. Toutefois l’Unsa Retraités considère que ces annonces ne répondent pas à ses revendications. Elle poursuivra son action pour que cette majoration de la CSG, injuste et discriminatoire, soit totalement compensée.
La lutte contre la fraude fiscale. L’UNSa Retraités demande une vaste réforme fiscale nationale, incluant un volet de lutte contre la fraude fiscale et une harmonisation de la fiscalité à l’échelle européenne, pour une société juste et équitable.
La protection sociale. Les délégués réaffirment leur attachement au système de protection sociale français reposant sur la solidarité entre tous les citoyens. L’UNSa Retraités se prononce pour la création d’un droit universel de compensation pour l’autonomie et pour la création d’un cinquième risque de protection sociale.
Le dialogue social. L’UNSa Retraités considère que le dialogue, avec les organisations syndicales, et d’autres corps intermédiaires, est indispensable pour permettre un fonctionnement satisfaisant de la démocratie sociale dans une société respectueuse de l’environnement, et éviter la montée des inégalités, sources de violences. Dans cette perspective, l’UNSa Retraités revendique la mise en place d’une instance nationale de concertation entre les organisations syndicales qui représentent les retraités et les pouvoirs publics.


Texte adopté au congrès de Rennes
pour une « société inclusive »

(2 – 4 avril 2019)

Le vieillissement de la population nous concerne tous. Une politique globale doit être menée. Outre la question du coût de la perte d’autonomie tant pour l’État que pour les collectivités ou les personnes, il est indispensable de traiter le sujet dans toutes ses dimensions afin de rendre la société inclusive. Des simplifications sont nécessaires pour permettre aux personnes âgées et leur famille d’accéder à l’information concernant l’adaptation des logements, l’accès aux services d’aide à domicile, l’accès aux aides financières.

Prévenir la perte d’autonomie. Pour l’Unsa, limiter les effets de la perte d’autonomie en renforçant la prévention devient indispensable pour retarder l’entrée en grande perte d’autonomie : une politique de santé et de prévention des risques, l’aménagement des logements, l’adaptation des transports et de l’urbanisme, le soutien des personnes au domicile ou la reconnaissance des aidants sont à mettre en œuvre.

Vers une offre diversifiée, professionnalisée et contractuelle. L’UNSa reconnaît l’importance de l’accompagnement des plus fragiles qui respecte leur autonomie, leurs rythmes et leur vie privée. Pour assurer ce métier, l’Unsa revendique la professionnalisation de l’aide à domicile en construisant une certification avec un socle commun à tous les types d’accompagnement (petite enfance, handicap, personnes âgées) puis des spécialisations en fonction des types d’accompagnement. L’Unsa considère qu’une offre diversifiée est nécessaire pour répondre à tous les besoins. Quel que soit le cadre d’emploi (associatif, gré à gré…), l’Unsa estime qu’un contrat de travail doit être la base de la relation entre l’employeur et le salarié.

La situation des accueillants familiaux, doit être mieux prise en compte, tout comme les questions d’indexation des sujétions particulières, de la fixation de diverses indemnités et la reconnaissance d’un statut de salarié qui dépend du code du travail. Les accueillants familiaux doivent pouvoir bénéficier de la validation des acquis de l’expérience qui favorise la mobilité et l’accès aux concours de la Fonction publique.
Les aidants sont de véritables acteurs, leur implication est indispensable à la construction de la société inclusive. Ils facilitent le maintien à domicile en milieu ordinaire des personnes concernées.

Ouvrir le chantier des Ehpad. L’UNSa estime que le volet concernant l’accès des personnes âgées dépendantes en établissement est insuffisant et demande l’ouverture de ce chantier. Il devient urgent de rendre opposable pour l’ensemble des Ehpad, quel que soit leur statut, une norme minimale d’encadrement « au chevet ».

Adapter les logements. Maintenir la personne chez elle le plus longtemps possible dans un cadre confortable, sécurisé et rassurant pour la personne et la famille. D’autres formes d’habitat peuvent être développées : l’habitat intergénérationnel, l’habitat intermédiaire ou des formes innovantes d’Ehpad dites hors-les-murs. Garantir un socle de solidarité nationale. La perte d’autonomie constitue un risque encouru par chacun et chacune. Son traitement ne peut être du ressort des seules victimes et de leur famille mais doit au contraire être socialisé, étendu à toutes les générations et à tous les revenus y compris ceux du capital. Il faut arrêter de faire porter la solidarité nationale uniquement sur les salariés comme le fait la journée de solidarité ou le ferait encore davantage un recours à une deuxième journée de ce type. 

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