Histoires Vraies : vous l’avez vécu

Métropôle – Outre-mer

TROIS FONCTIONNAIRES RÉVÈLENT LEURS SENTIMENTS SUR CETTE PÉRIODE DE CONFINEMENT ET NOUS FONT PART DE LEURS INQUIÉTUDES QUANT À L’APRÈS.


Témoignage d’une collègue de Besançon.

Comment avez-vous vécu cette période de confi nement national : quel a été votre ressenti ? individuel, familial, professionnel, vos diffi cultés, inquiétudes, mais aussi, s’il y en a eu, vos expériences positives ?

J’ai vécu ce confinement pour commencer comme irréaliste, impossible, tiré d’un fi lm de science fiction. Ensuite, comme une privation de notre liberté, ce qui m’a fait ressentir des crises d’angoisse et j’ai fini par comprendre que cette privation était nécessaire. Cela m’a fait ressentir un nouveau stress concernant les risques pris par tous, la peur de perdre des proches, la peur pour soi mais surtout pour les autres. Autour de nous, il y a toujours des personnes plus ou moins proches touchées, ce qui nous fait nous dire que cela peut arriver à tout le monde. Actuellement, je ne sais plus quoi penser sur ce confinement. Je ne sais pas si il est utile au niveau sanitaire, je ne sais pas s’il y aura de nouvelles périodes de confinement, si on pourra revenir à une vie normale mais cette période de confinement me laisse une impression très négative sur le plan personnel mais aussi professionnel. En effet, je suis réellement embêtée de ne pouvoir aller travailler, de ne pas pouvoir défendre le service public auquel je crois beaucoup, de ne pas pouvoir aider les collègues restées sur site. Je culpabilise beaucoup et les mesures prises concernant les congés durant cette période de confinement me laissent penser que c’est exactement ce que notre administration veut que nous ressentions. Je vais, à titre personnel, perdre entre 10 et 15 jours de congés. Alors certes, je n’ai pas été travailler depuis le début du confinement puisque je suis en autorisation d’absence pour garde d’enfant, mon mari étant en télétravail, mais je ne me considère pas du tout comme en vacances ! Je m’occupe de mes enfants toute la journée pendant que mon mari travaille, nous restons confinés chez nous et donc ne profitons pas réellement. Je comprends le fait d’enlever les jours de RTT non générés mais pour le reste je trouve ça injuste de se voir priver de la quasi totalité de mes vacances d’été alors que je n’ai aucune responsabilité dans ce qui se passe actuellement. Je dois m’occuper de mes enfants et le télétravail est impossible puisque la juridiction n’est pas dotée en matériel.

Je suis donc très déçue par notre gouvernement, notre administration qui nous font des promesses qu’ils ne tiennent pas. Je me sens seule, abandonnée.

D’un point de vue personnel, je suis stressée par l’avenir de mes enfants, j’essaye quotidiennement de les rassurer, de les occuper à la maison et de ne pas leur transmettre mes préoccupations. J’essaye de profiter de chaque moment avec eux et c’est là la seule chose positive que je peux vous dire. J’ai pu les voir évoluer en peu de temps et c’est ce qui m’aide souvent à tenir le coup.

Comment envisagez-vous le déconfinement ? La reprise d’un rythme « normal » d’activité, quelles sont vos questions, appréhensions, sur le plan sanitaire, individuel, familial…

J’avoue avoir du mal à envisager le déconfinement. J’ai l’impression que l’organisation de ma vie familiale sera ingérable. Je me pose beaucoup de questions ayant un enfant à la crèche et l’autre en moyenne section de maternelle. Reprise de l’école ? Mon mari étant enseignant, comment faire s’il doit reprendre le travail et que mes enfants ne vont toujours pas à l’école ? J’ai peur des risques que pourront prendre mes enfants.

Je prends le train tous les jours et c’est quelque chose qui me fait peur, que j’appréhende. Cette nouvelle vie post-confinement m’angoisse sur un plan personnel comme professionnel.

Au niveau professionnel, j’espère qu’on aura les moyens de pouvoir se protéger. Comment vont reprendre les audiences ? Est ce que les choses vont être progressives ?

Avez-vous à ce jour, des suggestions, des réflexions pour accompagner au mieux cette reprise d’activité ?

Je pense que ces «gestes barrière» et la protection sanitaire doivent devenir notre nouveau mode de fonctionnement au niveau professionnel comme personnel.

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